Origine |
Mizuya-dansu est le nom le plus souvent utilisé pour parler des meubles de cuisine japonais. Ce nom vient du mot mizuya (littéralement lieu pour l’eau) qui était une pièce adjacente à la pièce principale d’une maison de thé où l’on trouvait des étagères pour le stockage des céramiques et un endroit avec une grille en bambou et de l’eau pour nettoyer les accessoires. On les appelle également parfois daidokoro todana (étagères de cuisine).
On a commencé à utiliser des tansu dans la cuisine suite à l’évolution de la manière de cuisiner pendant la période Edo. Le changement est venu avec l'utilisation de nouveaux légumes et aliments qui ont motivé les japonais à consacrer plus de temps dans l'art de se nourrir alors qu’avant, ils cuisinaient uniquement pour survivre. Ce n'est pas une coïncidence si les premiers livres de cuisine sont arrivés en même temps que les premiers mizuya-dansu.
Cette nouvelle façon de cuisiner a motivé la transformation de l'espace cuisine. Le développement de kamado (fours en terre cuite) a changé les espaces de travail traditionnels des maisons urbaines et riches en vraies cuisines qui sont devenues des espaces entièrement dédiés à ce nouvel art. Le mizuya à portée de main, rempli d'aliments, de plats en céramique, de livres de cuisine et d’ustensiles est devenu ainsi un élément essentiel de cette nouvelle manière de vivre. Hikone, la ville château sur le lac Biwa dans la province d'Omi est reconnu comme l'endroit où le design de ces meubles a pris forme. Ils se sont répandus par la suite un peu partout au Japon, avec certaines variations provenant des régions de Kyoto, Omi et Nagoya.
Détail |
Les meubles de cuisine ont pour la plupart une profondeur de 40 à 50 cm ainsi qu'une largeur et une hauteur de 170 à 180 cm. Certains mizuya dépassent cependant les 240 cm de long et d'autres ont moins de 120 cm. C’est tailles variaient bien sur suivant la taille de l’espace cuisine des maisons de l'époque Edo. Certains meubles mizuya, appelés hachidai mizuya (littéralement, un endroit pour stocker des pots), avaient des compartiments ouverts sans porte avec des étagères décalées utilisées pour y déposer de belles céramiques comme un bol pour la cérémonie du thé. Comme la plupart des tansu de cette époque, les mizuya étaient très souvent en deux parties pour permettre une plus grande mobilité en cas de réparation de la cuisine par exemple.
La plupart des mizuya-dansu ont un compartiment fermé par deux portes coulissantes avec du treillis pour y mettre à l'abris les aliments. Les autres compartiments du meuble contenaient des céramiques, des plateaux en laque, des pots et des ustensiles. Les meubles mizuya, en raison de leur design épuré et de leurs portes coulissantes bien pratiques, sont parmi les meubles japonais qui ont le plus de succès et qui s’intègrent le plus facilement dans les maisons occidentales d'aujourd'hui.
Les bois utilisés pour la structure du meuble étaient le hinoki (cyprès) et le sugi (cèdre) pour que le meubles reste léger mais robuste avec du keyaki (orme zelkova) pour les façades de tiroirs et parfois les panneaux avants des portes coulissantes. Certains meubles de cuisine du début du XXème siècle ont aussi utilisé du bois de kaki à la place du keyaki. Les finitions de ces meubles sont généralement en laque teintée laissant souvent apparaître le grain du bois keyaki. Bien sûr, les années passées dans une cuisine bien souvent enfumée ont ajouté une patine sur la finition de ces meubles qui les rend particulièrement unique.